Un scoop sur le numéro 2 sans odeur
Il y a des jours où me lever pour aller travailler ne me pose aucun problème.
Ce sont ces jours où vous revenez du boulot et vous sentez que vous avez eu un impact positif sur le monde. Ces journées où vous écrivez un article et que cela devient « de la musique à vos oreilles» comme nous disons dans le milieu, ce qui veut dire que vous avez écrit quelque chose de si bon que les juges du prix Pulitzer demanderaient une copie du Times & Transcript. Ce sont ces jours là où, lorsque vous trouvez une source qui peut si bien articuler leur histoire, vos écris en deviennent passionnant.
Et il y a les entrevues, c’est ce que je préfère dans le métier. Quand je raccroche le téléphone et me dit « bon, je vais m’en rappeler de celle-là !»
Ces jours sont très rares, mais vendredi dernier, j’ai eu la chance de faire une entrevue à propos du numéro 2.
Non, ce n’est pas une erreur de typo. J’ai bien mené une entrevue à propos du numéro 2. À vrai dire, pas exactement sur les petits besoins en général, mais comment le tout dernier produit d’une compagnie locale peut éliminer les odeurs gênantes associées à l’action ci- mentionnée.
Je peux imager ces personnes rêver de ce produit dans un moment de Euréka ! Et réaliser tranquillement leur dilemme : ils ont créé un produit que tout le monde veut utiliser, mais que personne n’ose mentionner.
Enfin, comment voulez-vous aborder le sujet ?
Luc Jalbert, le vice-président de Prelam Enterprises, l’entreprise qui crée le produit en question, s’est beaucoup pratiqué.
Il est d’une franchise surprenante lorsque le sujet est mis sur la table. Après tout, explique-t-il avec philosophie, tout le monde doit faire son numéro 2.
Qu’est-ce que Prelam peut faire lorsqu’elle est confrontée à ce dilemme ?
L’entreprise a apparemment décidé de foncer tête baissée. Leurs annonces télévisuelles ne contiennent pas de petites fleurs flottant dans les airs alors qu’une famille très présentable (le papa, la maman, une fille, un garçon et leur chien) respire avec émerveillement l’air doux et parfumé de leur salle de bain.
Et non, Prelam a plutôt opté pour une autruche dissimulant sa tête sous terre alors que le narrateur s’exclame « est-ce que c’est ce que vous faites après que votre mari ait utilisé la salle de bain ?» ou encore un raton laveur priant que personne n’utilise les toilettes après son passage. (Et l’on pourrait aussi assumer pour être délivré de la puanteur). Leur emballage représente un petit personnage assis sur les toilettes, puis debout, souriant avec le reste de sa famille.
À la moitié de l’entrevue, je ne pouvais plus me retenir de rire alors que M. Jalbert m’expliquait leur enthousiasme quant à la nouvelle promotion croisée avec le papier hygiénique d’Irving. Cette offre inclut un échantillon de Just’a Drop dans 25 000 paquets de papier de toilette. « vingt-cinq mille personnes vont faire leur besoin avec notre produit »dit-il.
Désolé, mais le numéro deux est amusant. Je parie que vous riez en ce moment même. Une chance pour moi que l’entrevue se fait par téléphone et qu’il ne me voit pas perdre tout mon sérieux, le temps que je me reprenne pour la prochaine question.
J’adorerais regarder quelqu’un le questionner en direct à la télévision ou à la radio. Mais le véritable défi est venu après l’interview. Comment écrire un article sur le numéro 2 ? Comment peut-on nommer cette action sans que personne ne soit offensé ?
Mais bon, c’est le genre de défi qui fait que je me lève tous les matins pour aller travailler. Il se peut que ce produit ne change pas le monde (enfin, il peut aider le monde à sentir la rose) mais il m’a néanmoins fait sourire et cela, c’est déjà beaucoup